]Association pour la Fondation Ingrid Betancourt
B.P. 30944 - 75829 Paris Cedex 17 - info@fondationingridbetancourt.org
À vous tous qui avez fait de la cause de notre liberté votre propre drapeau ; à vous tous qui
n'avez jamais détourné votre coeur de notre douleur.
Voici que j'arrive au bout de ma première année de Liberté, une année pendant laquelle je
n'ai cessé de recevoir à profusion les démonstrations de votre amitié et de votre soutien,
comme autant de bénédictions dans un chemin que je n'aurais jamais pu parcourir sans
vous. La reconstruction de ma vie de famille et de mon bonheur présent ne serait pas possible
sans l'apaisement de l'âme que m'a apporté votre présence. Grâce à vous, je réussis
chaque jour davantage à laisser derrière moi les douleurs héritées de ma captivité, car dans
le combat que vous avez mené pour sortir la cause de tous les séquestrés de Colombie de
l'ombre et de l'oubli, j'ai trouvé un sens à la souffrance qui a été la nôtre.
Pendant cette année, je n'ai cessé, comme vous, de penser à ceux qui sont restés dans la
jungle. Il m'est trop cruel de penser que notre libération puisse être utilisée comme justification
pour laisser dans l'oubli ceux qui souffrent encore. Dans un contexte chaque fois plus
restreint, les chefs d'État de toute l'Amérique latine qui avaient intercédé pour notre libération
ont répondu présents et ont remis au sommet de leur agenda la cause de la liberté des
otages encore en captivité. Toutes les personnalités que nous avons approchées durant ces
derniers mois en Europe ou ailleurs, ont exprimé leur engagement à notre cause. De leur
côté, les plus hautes autorités françaises ne sont jamais devenues indifférentes au sort des
otages ; elles ont tenu parole en offrant une meilleure vie aux guérilleros Wilson et Isabelle
qui avaient couru le risque de libérer courageusement l'un des nôtres, poussant les gardes
des otages actuels à réfléchir et à suivre leur exemple. Dans quelques jours, le premier
groupe d'ex-otages arrivera en France bénéficiant du programme de bourses que le Président
Sarkozy avait promis il y a exactement un an, lors de notre libération. C'est pour eux
l'opportunité d'une nouvelle vie, loin du traumatisme de ces années d'horreur. Pour ceux qui
attendent leur tour dans la jungle colombienne, cela représente la certitude que leurs rêves
à eux aussi deviendront un jour réalité.
Je demande au ciel de couvrir de la protection de Dieu tous ces hommes et toutes ces femmes
ainsi que toutes les personnes qui, travaillant avec eux, ont construit ces opportunités extraordinaires,
car ils ont fait la différence dans nos vies pour mes compagnons et pour moi.
Rien de cela n'aurait été possible sans vous. Que cette date soit pour moi l'occasion de vous
exprimer mon immense reconnaissance et celle de ma famille. Sachez que vous êtes aimés
et portés dans nos coeurs avec toute la tendresse que notre bonheur retrouvé nous inspire.
Et que dans ces liens de solidarité qui nous unissent, nous puissions trouver la force pour
changer le redoutable destin de ceux qui sont encore prisonniers.
Oui, Il faut faire plus. Pablo Emilio Moncayo et 21 autres de mes compagnons attendent de
nous des miracles. Car faire notre possible n'est plus suffisant, il faut aller au-delà du possible.
C'est dans le rassemblement de notre énergie, de nos prières, de nos réflexions et de
notre action, que nous pourrons faire bouger la montagne de l'indifférence et de l'oubli. Je
sais que je pourrai toujours compter sur vous. Merci.
Association pour la Fondation Ingrid Betancourt
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